Après avoir mis en place toutes les actions pour améliorer le niveau de trésorerie, rationalisé les process internes, détecté puis prospecté de nouveaux marchés et/ou recherché à améliorer la croissance au travers de rapprochements ou d'acquisitions, une question reste à priori sans réponse : comment imaginer une politique à long terme et quelles en sont les clés de succès?
Dans son livre "Crise & Mutation", Jean-Pierre Crépin en évoque une, capitale : "seules survivront les entreprises qui auront su donner un sens à leur politique générale"... encore faut-il que cette dernière soit claire et bien formulée.
Mais, la destination finale de l'entreprise est de créer de la richesse.
Pour ce faire, il sera nécessaire de savoir utiliser à bon escient ses capacités internes pour en rentabiliser l'activité... le capital humain est essentiel ainsi que l'image véhiculée par l'entreprise au travers de ses marques notamment. Néanmoins, notre vision de l'avenir se raccourcit : les plans à 5 ans ne durent... que le temps de les établir!
Le business modèle gagnant sera peut-être celui qui, composé de différents projets, saura le mieux s'adapter à des environnements mouvants parce qu'aucun événement à lui tout seul ne pourra obérer l'évolution de toutes les solutions envisagées.
Nous avons assisté à la chute de géants durant ces 3 dernières années : n'ont-ils pas fini, aveuglés par leurs décennies de fonctionnement, victimes d'un succès qu'ils croyaient définitivement acquis? General Motors qui continuait de fabriquer des modèles de voitures trop énergivores, Enron qui emporta dans sa chute Arthur Andersen, tous les deux pris au piège de leurs propres manigances... à plus petite échelle, combien de PME ont déposé le bilan arc-boutées sur des schémas de fonctionnement ou des prestations qui n'avaient pas suffisamment évolué?
Marc Halévy, physicien et philosophe, spécialiste des systèmes complexes, nous explique qu'au travers de cet évolutionnisme généralisé et de la complexité croissante de nos environnements, les meilleures solutions seront simples. Et devant tant d'informations nouvelles chaque jour, devant tant de changements, chacun doit être mis à contribution dans l'entreprise pour remonter les informations qui permettront d'élaborer les différents futurs possibles. Dans cette optique, il sera nécessaire d'obtenir l'adhésion de tous au projet de l'entreprise... "Great place to work" : les entreprises où il fait bon travailler respectent l'une des conditions essentielles à la qualité de la contribution de chacun. Cela a un coût... tout comme la qualité des projets qui en découleront... le business model gagnant ne sera pas celui qui, pour préserver un semblant de pérennité à cours terme, baissera notamment les prix pour augmenter les volumes...
Au-delà de l'innovation produits ou services, la créativité en matière de business modèle deviendra aussi de plus en plus stratégique.
L'écart se creuse entre les entreprises qui ont une conception très qualitative, éthique, de leur politique et celles qui finissent par ressembler à des mercenaires des affaires, vouées à disparaitre, à terme, dans la spirale descendante des conflits à tous niveaux et de leurs coûts induits.
Le business modèle gagnant sera porteur de sens, original dans sa conception, souvent très différent d'une simple projection linéaire d'un passé même récent et profitable : il faudra savoir détecter les tendances qui seront porteuses de profits potentiels, les signaux faibles de changements à venir et surfer sans idées préconçues sur la vague des mutations.
Les alliances devront être privilégiées en ce sens qu'elles ne mobilisent pas les seuls actifs de l'entreprise mais rassemblent plutôt les moyens d'actions pour faire face à de nouvelles demandes et permettent une grande flexibilité.
Le business modèle gagnant se gardera d'immobiliser trop de ressources par rapport à des projets dont la visibilité sera réduite.