Avant d'évoquer les deux outils qui enrichissent en amont toute démarche d'innovation (veille et benchmarking), nous évoquerons dans cet article LA ressource suprême de l'innovation qui est la CREATIVITE et que toute organisation doit savoir favoriser et développer en son sein.
Durant des décennies de croissance qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale, la créativité nécessaire aux entreprises pour innover était surtout composée de créativité en matière de technique : tout produit se vendait, l'élément différenciateur qui permettait aux entreprises de croître résidait surtout dans la capacité à produire en nombre des biens qui bénéficiaient des formidables avancées techniques du moment. Dans des environnements qui se complexifient, avec une mondialisation avérée et que nulle disposition de protectionnisme ne peut empêcher, l'entreprise doit globalement faire preuve d'une grande créativité dans tous les sens du terme pour innover.
La créativité est une EMERGENCE, c'est à dire que plusieurs individus pris séparément n'auront jamais le potentiel de créativité qu'un groupe de ces mêmes individus intégrés dans une structure organisationnelle avec un mode de management qui permet le partage, l'analyse et l'émulation nécessaires à un engagement collectif dans un processus de créativité. En complément, écoute et bienveillance sont indispensables pour développer la créativité dans un groupe.
Au-delà de l'engagement qu'elle requiert, la créativité repose aussi sur l'AUTORISATION : en tant que matière première de l'innovation et dans un processus de réflexion collective et transversale, la créativité suppose que les individus ou les groupes s'autorisent à sortir de leurs cadres de référence pour essayer de comprendre les complexités et réussir à briser le dispositif mental classique afin d'imaginer une solution originale à un problème donné. Introduire une nouveauté est toujours un processus risqué et, au-delà de l'engagement qui est indispensable, il faut une grande motivation doublée d'un minimum de sécurité liée à l'autorisation de l'environnement pour persévérer.
C'est la raison pour laquelle le stress l'ennemi N°1 de la créativité en anihilant toutes libérations spontanées de l'esprit alors débordé par des réflexes conditionnés. En cas de stress, nous sommes conditionnés essentiellement par la fuite : la distance de vision s'allonge mais le champ de vision se rétrécit. Le stress induit fuite, inhibition et agression. Il inhibe l'information et notre capacité à la traiter.
En matière de créativité, les solutions trouvées sont fonction de notre culture, elle-même véhiculée par notre éducation et notre expérience. Cela est structurant et encadrant. Seule la créativité nous permet de sortir du cadre : la créativité est une RESSOURCE, en aucun cas un outil : c’est une émergence qui repose sur l’autorisation alors elle impacte le management de l’entreprise.
L'autocencsure inhibe aussi la créativité de par la sélection qu'elle opère dès la naissance des idées. Déjà naturellement, le cerveau est fait pour du probable et a tendance à ignorer le reste : nous n’avons pas accès à certaines informations car nous voyons trop souvent que ce que nous croyons, en fonction des images que nous avons en tête. 80% de ce que l’on pense n’est que le reflet de ce que l’on sait ou connait et notre cadre a une grande influence sur ce que nous comprenons et percevons.
Pour libérer la créativité, il est bon de définir au préalable les objectifs précis : c'est l'objectif qui fait la structure et qui doit rester au centre de la démarche. Ensuite, et afin de ne pas faire du "plus" ou du "mieux", la seconde étape pourra consister à libérer toutes les idées qui, de près ou surtout de loin, se rapportent au sujet (d'où l'importance d'un environnement permissif où toute forme de censure sera prohibée). Ce ne sera qu'en troisième étape que ces idées pourront être structurées afin, par associations, d'élaborer la solution au problème posé.
Après avoir approfondi la notion de veille comme outil d'innovation, nous évoquerons aussi le formidable parcours de Jean-Claude BIVER pour qui, sans innovation, "there is no future"... pas d'avenir, pour l'homme comme pour l'entreprise.
Avant tout : il n'y a pas d'innovation sans créativité.